20 avril 2008


Mon amoureux est parti ce week-end. Je me retrouve mais à force, j'ai le ventre serré. Je voudrais enfouir ma tête entre sa peau et son pull et le sentir sous mes lèvres, là, maintenant. Et rester là. Des heures.

J'ai fait un drôle de rêve ce matin. Je simulais une maladie pour louper une réunion, à l'école. J'étais là et pas là. Je vois la tête de mon préfet, compatissant et compréhensif. Il me regarde par intermittence, comme s'il avait peur de ficher ses yeux dans les miens plus d'une demi-seconde. Je lui souris en me disant : "Bande de connards". Au réveil, je réalise que je n'aime plus vraiment mon métier, en tout cas là, cette année. Et pour la première fois, je n'ai pas peur en faisant ce constat. Je me sens au-dessus de ça. Les élèves, les cours, les huit heures du lundi, les insultes, les crachats dans les coins de classe, les bagarres, les collègues, les fardes vides, l'insolence. Les heures passent les unes après les autres. Et moi je suis déjà ailleurs.

J'ouvre la fenêtre de ma cuisine et je photographie ma main gauche, pour la centième fois. Je la trouve belle encore. Je m'habitue à l'anneau d'or un peu trop grand. Je l'ai enlevé hier soir pour faire la vaisselle et j'étais nu.

Ce week-end, un garçon est venu partager mon petit déjeuner. On parle longtemps et le temps passe vite. Alors on dîne ensemble aussi. Il me parle de lui, de ce qui le rend heureux et de ce qui l'empêche de l'être pleinement, parfois. Je me livre, aussi, un peu. Je lui parle de mon amoureux, de L. Je lui dis ma vie quand il est parti et pour la première fois depuis I., je vais lui chercher Sel et Sucre, ces trois cents pages de larmes que je garde dans un vieux sac tout au fond de l'appartement, et je lui prête. Je ne sais pas pourquoi. Je le raccompagne. On s'embrasse et j'ai envie de le prendre dans mes bras et de le serrer très fort.

Je t'écris pour la première fois depuis quatre mois. Je reviendrai encore, je crois, comme à chaque moment de ma vie où je suis à fleur de peau. C. sort de la pile un album de Souchon. Je le réécoute pour le moment. Sa voix me touche, parce qu'elle n'est pas sûre d'elle, comme si elle se baladait sur un fil, comme si elle était recouverte d'un voile, d'un fin morceau de tulle. J'aime ses mots simples. Je crois qu'il n'y a pas de mots plus simples.

Je te laisse. Je reviens. J'ai les larmes aux yeux.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je pense très fort à toi... Sel et sucre était une belle histoire, ses pages jaunes me manquent ...

Bisous
Marie

Anonyme a dit…

si ca va pas, je suis la parrain ;)

dis donc maintenant tu sais ce que c'est que d'etre nu sans bague... apres les clings sur la vaisselle et les poignées de porte... que de changement qu'un simple anneau de metal...