28 septembre 2007


Je passe ici un mois jour pour jour après ma dernière bafouille.

Beaucoup de choses changent. Je fais à nouveau de la musique. Je veux dire. Je n'ai jamais arrêté d'en faire, mais je n'avais plus l'impression d'en faire vraiment. Là, c'est différent. Je vais faire le vide, je crois. Marre du bruit et des mauvais plans. Je me plais dans leurs notes et dans leurs regards, à tous les trois, je veux rester un peu, longtemps, puis on verra. Faire le vide et ne garder que le petit chien qui bascule de la tête.

Des cafés comme ça, j'en veux des milliers encore, partout sur la terre. Parce qu'on pourra être partout, tout sera le même. Je retrouve ma Dame de Cléry, plus "de Cléry" que dans ma tête à moi et à une foule d'amis qui sont passés en haut de ces escaliers. Ces moments me sont chers et j'aime emboîter mes pas dans ses bas orange.

Je crois que je suis joli aujourd'hui, dans mon pantalon de Barcelone, ma nouvelle chemise et mon pull qu'on est allé acheter mon amoureux et moi, pour me donner du courage. C'est que cette année, c'est plutôt des durs... J'ai bien failli avoir vraiment peur les premiers jours... Puis je regarde le calendrier et je me dis : "Mon gars, t'as tenu un mois, continue". Et je continue. Une heure n'est pas l'autre. Chaque fois, tout est à refaire. J'ai lu du Maupassant à des futurs électriciens qui allaient relire l'histoire le soir à la maison, 'sieur, parce que c'est trop fort, c'qu'il écrit, 'sieur, çui-là. Alors je me dis que j'ai gagné un petit peu. Puis l'heure d'après, je me prends la tête avec un gars au sang un peu chaud, un peu trop sûr de lui, coincé dans le fond de la classe et ça me casse. L'heure se termine, on se quitte "bons amis", mais ça me casse quand même. Désamorcer la violence plusieurs fois par jour. Puis un enième plateau de pâtisseries marocaines "pour manger à la maison". Et je souris de nouveau.

J'ai vu l'exposition d'I. J'ai failli pleurer dix-sept fois devant sa vidéo. Les vieux me touchent tellement. Quand ils pleurent, ils me font pleurer, et quand ils rient aussi. Pourvu que je ne sois pas qu'une énorme larme quand je le serai moi-même. Mon homme et moi sommes tombés amoureux d'une toile. C'est pas depuis là... Bien avant, déjà, quand elle était dans l'atelier puis dans la maison des brunchs dans la cour. Alors on l'a ramenée sous le bras, très fiers et très émus.

Je commence à y voir clair avec lui. Du moins un petit peu. Je commence à ne plus trop penser, à ne plus me poser mille questions quand je ne sais pas où il est et qu'il pourrait être n'importe où. Je veux relâcher. Puis me dire qu'il n'a pas à s'inquiéter lui non plus, quand il ne sait pas où je suis et que je pourrais être n'importe où. Parce que c'est lui que j'aime, je le sais. Alors je le comprends un peu.

Le 9 octobre à 16h, on va signer pour la première fois tous les deux pour notre dossier de mariage. Ca me fait drôle. Ma famille est heureuse. Je sais que ça a fait quelque chose à maman. Elle a fait mine de rien "Waouw, c'est super, je suis vraiment contente !" Puis a continué à sourire, debout pas loin du barbecue, puis elle a dit : "Et maintenant faut que je m'assoie", et elle est tombée comme une masse sur la chaise de jardin. Mais ses yeux continuaient à rire alors c'est bon, c'est dans la boîte.

Je repense de plus en plus à Paris. Ca me manque. J'ai souvent en tête cette soirée où on avait rapproché le lit de l'ordinateur et qu'on avait regardé la "Marie du Port" en se sifflant une bouteille de Veuve Cliquot, un grand cru de 1995. Puis je vois encore mon amoureux s'éloigner sur la place alors que je lui fais signe de la cuisine, puis moi qui débarque, Corentin Celton, un lundi vers 22h30 après cinq heures de transport, le coeur tremblant à la vue de sa fenêtre, place de la République... Souvent je rentrais, et tout de suite on se couchait et on faisait l'amour, tout doucement, les yeux émus, sans trop se parler.

J'ai écrit un morceau pour lui. Une long dans au titre loufoque. On l'a jouée il y a deux semaines, dans une petite salle de concert bruxelloise. Mon petit-cousin était là. Il m'a pris à part et m'a dit, encore un peu ému, que ce morceau l'avait fait pleurer. Il porte le nom du code d'entrée de l'immeuble, de l'autre côté de la place de Vanves. Et chaque fois que je le joue, je me vois arriver, composer le code, monter les deux rampes d'escalier et gratter à sa porte en attendant fébrilement qu'il m'ouvre. C'est ça que je vois quand je joue.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

il faut que l'on se voit bientôt, tu me manques trop ! Et j'ai en plus un horaire d'enfer cette année :( Quand vous mariez-vous ?

Bisous tendresse
Marie